Tout est sous contrôle

Tout est sous contrôle

Encore un accident sur la route hier! Celui dont la vie vient d’être fauchée se sentait pourtant probablement meilleur conducteur que la moyenne, comme l’immense majorité d’entre nous. Dans la conduite de nos appels d’offres aussi, nous ne sommes pas à l’abri de ce biais d’optimisme. Et ce n’est pas une fatalité.

L’optimisme est au cœur de notre nature humaine, et cultiver cet état d’esprit est une discipline bénéfique. Croire en nous, en notre capacité à acheter mieux que nos concurrents, à battre le marché, à surperformer, et au final à sortir gagnant du jeu de la concurrence est un formidable moteur. Il y a néanmoins un moment précis où il vaut mieux se méfier de nous-mêmes, un point culminant du processus achats qui concentre toutes les passions: l’appel d’offres. Passer efficacement ce pic émotionnel nécessite des garde-fous. C’est pourquoi nous adoptons une approche méthodique et systématique, dans l’espoir de garantir des choix rationnels et objectifs.

Mais il ne faut pas confondre garde-fou et garantie! Une confiance aveugle dans le processus et les outils qui la supportent nous expose. L’illustration la plus frappante est certainement à chercher chez les acheteurs publics, qui appliquent religieusement la règle, en toute transparence. Sont-ils pour autant des parangons d’impartialité?

N’allez pas croire que ce travers est pas l’apanage des achats publics. Peu d’entre nous y échappent. En particulier, nos systèmes d’information et d’aide à la décision nous entraînent sur cette même pente glissante: celle de l’illusion de la rationalité par excès de confiance dans l’outil.

Se réfugier derrière des critères prédéfinis (par qui?), une échelle de notation (pertinente?) et des pondérations (par défaut?) me semble à peu près aussi illusoire que la ceinture dont on se sangle quand on prend l’avion: on se sent rassuré sans que la sécurité n’ait vraiment été améliorée.

Sommes-nous encore capables d’apprécier et de comprendre les conséquences du paramétrage de nos appels d’offres? Et si nous nous mettions au tuning? ...

Aymeric Duprez

Aymeric Duprez

Le cofondateur d’ADXL se consacre à obtenir mieux des fournisseurs, comme acheteur mercenaire au service des PME et comme formateur achats, pour procure.ch notamment. Aymeric Duprez cultive une vision pragmatique, exigeante et chrétienne de la relation commerciale, dans une dynamique compétitive pour amener l’acheteur à «acheter mieux que son concurrent!».