Retour sur la 4ème Conférence Achats

Les échanges furent, une nouvelle fois, très riches avec, notamment, les 
contributions de praticiens (essentiellement lors du webinaire du 23 septembre) et d’académiques (le 30 septembre) dont les apports respectifs et souvent croisés ont contribué à rendre le sujet à la fois inspirant et très concret, au terme de webinaires que j’ai pris un très grand plaisir à animer et qui seront prochainement accessibles sur le site de procure.ch.

Des intervenants complémentaires

Ancien Président de Outilacier (distributeur de matériel et outillage situé à Lyon en France) et aujourd’hui Président d’honneur de Rubix, Pierre-Yves Lévy a, avec la hauteur de vue de grand dirigeant qui est la sienne, bien montré, nombreux exemples à l’appui, à quel point les achats (responsables et collaboratifs) ont toujours été au cœur du business model de sa société. Ce sont clairement des pratiques achats à la fois originales et pleines de bon sens qui lui ont permis de faire de sa société un «acteur positif de son environnement» selon ses propres termes, contribuant notamment, par des choix forts de relocalisation, à la réduction de l’empreinte environnementale des produits et au retour des compétences au niveau local. Une contribution d’autant plus forte que le modèle original mis en place est vite devenu source d’inspiration pour de nombreux concurrents compte tenu des performances économiques et financières générées.

Strategic Sourcing Manager chez Nestlé, basé à Vevey, Emilien Lacouture a apporté une vision tout à fait complémentaire du rôle des achats dans l’industrie agro-alimentaire, au sein de laquelle la qualité des relations avec les fournisseurs constitue un fondement de plus en plus fort de la création de valeur pour les clients comme pour les actionnaires.

Bertrand Sinéchal, Sales Executive chez SAP Ariba, l’un des sponsors de l’événement, a également témoigné des diverses formes de création de valeur qui reposent sur la qualité des relations avec les fournisseurs, témoignant à la fois de l’évolution bienvenue des relations entre SAP Ariba et ses fournisseurs, mais aussi des solutions offertes par le groupe pour supporter les collaborations entre clients et fournisseurs.
Olaf de Hemmer, Responsable Pédagogique du Mastère Spécialisé Strategic Purchasing Management de Grenoble Ecole de Management, s’est livré à une démonstration particulièrement pédagogique de l’intérêt de l’analyse de la valeur pour les acheteurs. 

Professeur à Aix-Marseille Université, Nathalie Merminod a insisté sur la qualité des relations entre les acheteurs et les autres fonctions au sein de l’entreprise, ainsi qu’avec les partenaires extérieurs. Ce faisant, elle a souligné le rôle central des achats dans la construction et l’amélioration de l’attractivité de l’entreprise vis-à-vis de ses meilleurs fournisseurs.
Michel Philippart s’est, ensuite, focalisé sur la question cruciale de la mesure de la valeur créée par les acheteurs, insistant sur la nature intangible du «capital fournisseur» ou du «capital relation fournisseur» et les possibilités de renforcer cet indispensable capital immatériel.

Fidèle depuis la toute première conférence achats organisée en 2018, Fabrice Ménelot, Président de Crop & Co, a régulièrement apporté, en tant que Key Note Speaker, sa vision à la fois décalée et pointue des organisations et des relations humaines qui les sous-tendent.
Tous ont relevé avec brio le pourtant difficile challenge d’apporter en peu de temps leurs visions complémentaires des formes de valeur créées par les achats et des modalités concrètes qu’ils préconisent pour y parvenir.

Une vision élargie de la valeur

Il ressort des riches échanges, largement enrichis par les questions et contributions de l’assistance, plusieurs idées inspirantes. 

La première repose sur un constat: oui, il est possible de créer de la valeur par les achats. Cette conclusion a été affirmée avec force et illustrée par de nombreux exemples. La création de valeur apparaît même plus que jamais essentielle pour apporter à l’ensemble des parties prenantes (clients, financeurs, salariés, fournisseurs, société dans son ensemble …) les contributions qu’elles sont en droit d’attendre de toute entreprise. 

Ces possibilités de créer de la valeur par les achats ne contribuent pas forcément à une reconnaissance des achats comme une fonction stratégique, ce qui n’est, finalement, pas essentiel. 

Les ingrédients de la création

L’essentiel réside plutôt dans le constat qu’il n’est finalement pas très compliqué de mettre en pratique des achats plus créateurs de valeur qu’ils ne le sont souvent. Plusieurs ingrédients importants ont, pour cela, été évoqués: 

• l’envie d’abord, reposant sur le sens et le partage de sens, mettant les responsables achats devant l’importance de leur rôle de pédagogues en interne comme vis-à-vis des fournisseurs appelés à devenir partenaires; 
• les compétences sans aucun doute (celles des acheteurs eux-mêmes, celles des organisations ensuite); 
• les outils de pilotage des performances également, qui doivent évoluer afin de devenir plus cohérents avec les nouvelles missions confiées aux acheteurs (créer de la valeur en coïnnovant avec les fournisseurs et en garantissant la résilience de l’écosystème économique).

Autant d’ingrédients sur lesquels les intervenants ont, tour à tour, insisté et qui sont bien mis en valeur et en perspective dans le tradi-tionnel Livre Blanc qui a été publié à l’issue de la conférence et que nous vous invitons à vous procurer et à lire, en espérant qu’il soit, pour vous, fécond et riche d’idées stimulantes.