La pierre de touche
La simplicité, qui fait l’attrait de la métrique comptable de la performance achats, la rend également réductrice et frustrante; convenons-en. Pour dépasser cette logique, il faudra juger de notre efficacité à l’aune d’autres axes, dont les deux plus évidents sont la satisfaction du client interne et la création de valeur avec les fournisseurs.
Reste à mesurer: une gageure … En effet, dans les deux cas, il est relativement aisé de suivre la performance des processus et d’un certain nombres d’indicateurs opérationnels. Mais font-ils le poids face au mètre-étalon des «savings»? Ne pourrait-on pas plutôt mettre en lumière une valeur économique?
A défaut d’avoir trouvé la panacée, voici deux témoignages d’initiatives édifiantes: dans l’entreprise où j’ai débuté ma carrière, le recours au service achats était à la fois optionnel et payant. Ainsi, lorsque nous étions sollicités, nos prestations faisaient l’objet d’une refacturation interne aux unités ou aux sites que nous avions épaulés. Un luxe que tous ne pouvaient se permettre, voire réservé aux plus méritants. Autant vous dire que nous étions motivés à prouver notre valeur ajoutée, et que toute inefficacité était vite sanctionnée. Curieusement, les «savings» se sont avérés assez secondaires dans l’histoire. Et vous, seriez-vous prêts à mettre un prix sur votre contribution?
Quant à la création de valeur externe, encore plus complexe à évaluer, c’est assurément la pierre de touche en matière de performance des acheteurs. Dans ce contexte, cette entreprise de construction mécanique a osé pousser la logique jusqu’au bout. Tous les fournisseurs consultés (retenus ou non) ont été invités à répondre à la question suivante, réduite à sa plus simple expression: «Faut-il conserver un service achats pour piloter nos relations?» Une mine d’or ...
Aymeric Duprez
Le cofondateur d’ADXL se consacre à obtenir mieux des fournisseurs, comme acheteur mercenaire au service des PME et comme formateur achats, pour procure.ch notamment. Aymeric Duprez cultive une vision pragmatique, exigeante et chrétienne de la relation commerciale, dans une dynamique compétitive pour amener l’acheteur à «acheter mieux que son concurrent!».