Acheteur, métier d'avenir

Acheteur, métier d'avenir

Aymeric Duprez

«Si une entreprise dépend de ses brevets, c’est qu’elle n’innove pas, ou pas assez rapidement!» Au delà de la bravade, Elon Musk témoigne de la fin d’une époque. Ray Kurtzweil en appelle même à la fin de la propriété intellectuelle. Les plus agiles et véloces y voient en effet une entrave au progrès.

Faire adopter son standard devient plus important que d’en tirer un profit sous forme de cash et royalties. Certains même n’hésitent plus à offrir leurs technologies aux développeurs les plus influents.

L’esprit de la Convention de Paris en 1883 est bien loin. L’objectif initial était de libérer la diffusion des savoir-faire, des technologies et du progrès. Mais, de moteur du déploiement industriel, le brevet s’est mué en une arme défensive. Les grands agrégateurs de technologie butent sans cesse sur des brevets surgis de nulle part, et âprement défendus. Ici, l’acheteur est devenu démineur.

Ensuite, exploiter une invention à vie à l’abri de la contrefaçon devient anachronique. 20 ans, de nos jours, c’est une éternité! La compétitivité est plus que jamais une notion dynamique. Il faut mener en tête cette conquête de l’Ouest dont l’horizon s’élargit à chacun de nos pas: une perpétuelle ruée vers l’or.

Or, la recherche fleurit largement «hors les murs». La globalisation et le partage des savoirs ont rendu l’innovation beaucoup plus diffuse. Elle se nourrit désormais autant d’audace, d’orgueil et de rage de vaincre que de capitaux et d’expertise. De ce fait, nous l’achetons plus souvent que nous la produisons nous-mêmes.

L’acheteur maîtrise-t-il l’art d’en cueillir le fruit juste quand il est mûr?