Qu’est-ce qui fait la valeur de l’achat?

Qu’est-ce qui fait la valeur de l’achat?

Andreas Kyburz

Les médailles témoignent de la valeur d’une prestation. Mais la reconnaissance se mérite. Et pas seulement en faisant preuve de zèle et d’ardeur. Il faut aussi mettre au banc d’essai son propre regard sur la valeur. Car à l’origine de tout succès il y a la réflexion et le changement de perspective. Seul celui qui sait transformer sa structure de pensée peut reconnaître les chances et les risques.

Comme acheteuses et acheteurs, nous cherchons surtout à faire du bon travail. Le bien de l’entreprise nous tient à cœur. Que nous soyons stratégiques ou opérationnels, nous avons l’habitude de planifier, de penser à l’avance et d’être smarts en négociant. Tout cela, bien sûr, en cherchant un résultat «durable». Qu’entends-je par là? Des relations durables nécessitent toujours un bon équilibre, car l’objectif est bien de travailler ensemble sur le long terme. Rien ne nous est plus étranger, au fond, que de chercher à maximaliser un profit qui ne serait que le nôtre – à moins, bien sûr, que les pratiques commerciales de notre partenaire ne nous heurtent. Cela étant dit, il y a aussi des achats qui ne se font qu’une seule fois et alors oui, dans de pareils cas, nous pouvons nous transformer en champions de l’économie.

Plus que de simples compliments

Comme acheteuses et acheteurs, nous n’aimons pas être réduits aux économies que nous réalisons ni aux coûts que nous optimisons. Certes, cet aspect de notre travail nous réjouit. Mais il ne sert à rien de nous lamenter sur la vertu «sous-estimée» de l’achat. Et pas davantage de voir en lui l’arme magique qui garantit en secret tous les bénéfices. Bref, nous voulons simplement être estimés – et naturellement aussi par les plus hautes sphères de la direction – et mis au même niveau que les autres secteurs de l’entreprise. Ce qui demande aussi un ancrage au plus haut échelon décisionnel, car une telle position témoigne, en fin de compte, d’une juste appréciation de notre potentiel et de nos capacités.

Changement de perspective utile

La crise actuelle le montre clairement. Quand les poutres de l’entreprise se mettent soudain à craquer, l’achat est sollicité avec tous ses moyens et possibilités. Aussitôt nous focalisons sur la sécurité des livraisons, la disponibilité, la qualité et les prix. C’est une vieille sagesse que d’affirmer qu’à qualité constante et prix inchangés sur le marché, des économies bien menées conduisent à un bénéfice net.

Il s’agit moins de savoir comment nous souhaitons être vus et compris comme acheteuses et acheteurs que d’offrir une prestation stable, fiable et durable. Une prestation dont l’évaluation du «point de vue de l’achat» (dans le sens de «best practice») varierait sans doute un peu selon la branche et la situation de départ. Mais un possible consensus pourrait s’articuler ainsi: «Un bon service achat est un partenaire fiable pour toutes les parties prenantes. Il connaît leurs besoins et les satisfait de façon fiable et durable aux meilleures conditions possibles.» Un tel optimisme souffre naturellement du fait qu’il existe aussi en interne des partenaires qui ne s’orientent pas de plein gré selon l’achat. De potentiels fournisseurs ont probablement aussi, en tant que parties prenantes, une image différente de la situation actuelle.

De même, tous les jobs ne nous réussissent pas à la perfection et des possibilités d’optimisation, en termes de qualité et de gestion des délais, peuvent se faire sentir. C’est certain: l’optimisme affiché ci-dessus demande à être précisé pour le rendre apte à affronter tous les temps. En réfléchissant un peu – et en cessant de focaliser sur nous-mêmes – l’affirmation pourrait prendre la forme suivante: «L’achat est un partenaire à part entière pour les activités d’approvisionnement qu’il remplit sur la base de ses connaissances avec science (et conscience).» Continuez-vous à ne pas adhérer à cette formulation? Vous le voyez, notre valeur ne se laisse pas si facilement définir, même du point de vue réfléchi de l’achat. Car n’oublions pas que nous assumons, d’une branche à l’autre, des tâches fort différentes.

Enfin, ne négligeons pas la question de l’innovation qui relève pour une bonne part de l’interaction avec nos fournisseurs. «Ecouter l’herbe pousser» dit le dicton. Ici aussi, il nous faut, nous, les professionnels de l’achat, nous tenir à tout moment bien informés pour identifier les tendances. Mais il n’est pas moins élémentaire de bien faire la différence entre les problèmes actuels et futurs – et de réagir en conséquence.
Qu’en conclure ?

Qu’est-ce qui fait alors la valeur de l’achat? Posée en titre, la question est déjà en soi suffisamment complexe – et mérite un traitement en profondeur. Chaque organisation ou entreprise tirera pour elle-même sa propre conclusion. Mais l’important ici est de reconnaître à l’achat une fonction centrale. Une fonction qu’il peut être fier, professionnellement, de remplir! 

Andreas Kyburz

Andreas Kyburz

L’auteur est directeur de procure.ch. Il s’occupe actuellement d’un projet de recherche consacré à l’importance de l’achat dans les moyennes entreprises.